Crédit photo: pixabay.com |
TEXTE INTÉGRAL
La
question ombragée de la possibilité de connaître une authentique vie de couple
revient souvent sur le froid carrelage de la vie, et plus principalement
concernant les autistes de haut niveau, les TED non-spécifiés et les Asperger. (Oui,
je sais très bien, ces termes désuets sont maintenant d’une autre époque grâce
à quelques brillants scientifiques qui ont planché jour et nuit sur ces
changements de terminologie. Mais au moins, ces appellations anciennes avaient
le mérite clair de nous permettre de saisir certaines nuances intéressantes
dans les différents niveaux du spectre.)
Peut-on
être sur le spectre autistique et vivre en couple? Souvent, on m’interroge à ce
sujet, on m’expose de valables inquiétudes, on me glisse des appréhensions et
des doutes légitimes. Je vous dirais que je connais d’autres couples dans cette
situation et que c’est tout à fait possible et viable. D’ailleurs,
actuellement, de nombreux couples sont dans cette situation sans même se douter
que l’un des deux membres se trouve sur le spectre autistique. De toute
manière, tout couple fait face à ses défis et à ses situations difficiles, non?
Être en
couple, pour un autiste, c’est avant tout être en permanence avec l’autre, ce
qui n’est pas une évidence toute faite. Three
is a crowd, disent les anglophones, mais pour les autistes, déjà à deux,
c’est parfois vivre en immersion intense dans une foule compacte. Le couple,
dans le sens large, c’est le paradis (l’enfer?) du compromis. Pour l’autiste, s’ajoute
à cela l’omniprésence d’une personne dans des sphères qui viennent égratigner
sa bulle autistique. C’est donc devoir apprendre à développer plus de souplesse
dans ses routines et rituels. C’est exiger un assouplissement de ses rigidités
et de ses habitudes sécurisantes pour laisser une place à un conjoint qui a ses
propres plis, ses manies et ses besoins propres. C’est également les pièges
létaux de la communication, pour des personnes pour lesquels l’expression
générale des sentiments intériorisés, des frustrations ou de l’affection n’est
pas toujours spontanée. Mais si on choisit de s’engager dans une vie de couple,
non par pression sociale, mais parce que c’est notre choix sincère, les chances
de réussite peuvent être aussi valables que pour tout autre couple.
L’homme m’aime comme je suis… Oh, surprise!
L’homme et
moi avons fait connaissance au travail. (Quand je dis
l’ « homme », mon entourage sait que je parle de mon François.)
De son côté, l’homme me surnomme « ma belle bibitte ». Non pas qu’il
me perçoive comme un gluant insecte ou un rongeur insalubre. Nous avons plutôt
l’image d’une mignonne créature du type Gremlin, avant ses métamorphoses
maléfiques bien entendu. Je suis Gizmo. J’ai d’ailleurs conservé une puérilité
ponctuelle, qui ressort de manière récurrente quand je suis très contente ou particulièrement
fragilisée par un événement extérieur. Heureusement, il vit bien avec tout ça.
Il m’en trouve encore plus attachante, d’ailleurs. Mon surnom affectueux tire
ses origines de là.
Donc,
l’homme et moi, avons fait connaissance dans un contexte professionnel. Nous
étions déjà en couple chacun de notre côté et nous nous sommes revus à maintes
reprises comme de platoniques amis durant quelques années. En faisant le
compte, je confirme que nous nous connaissons depuis déjà un bon vingt-sept ans.
En tant que couple, amoureux et complices cimentés, en 2015, nous sommes ensemble
depuis exactement vingt-cinq ans. L’amour nous a frappés d’un coup, dans un
moment mutuel de célibat soudain, alors que nous nous sommes rapprochés en
ayant davantage de temps à se consacrer l’un à l’autre. Être ensemble était
toujours un plaisir partagé. Nous n’habitions pas dans la même ville à ce
moment-là, avec des obligations professionnelles chacun dans notre patelin de
résidence. Notre relation a donc connu ses premiers gazouillements à temps
partiel.
Même si
l’homme est plutôt conventionnel au premier abord, il a toujours été ouvert
d’esprit face aux personnes marginales. Contrairement à moi, c’est un hyper
sociable qui va avec une souple aisance au devant des inconnus, qui adore
l’imprévu et les surprises. Pour une autiste stable qui doit être prévenue à
l’avance avec un mémo administratif de l’éventualité d’une surprise, c’est un
bateau qui tangue avec mal de mer à la clé. Mais jamais il ne m’a jugée ou
critiquée sur ma manière d’être, bien que mon côté sauvage et asocial l’ait
particulièrement déstabilisé à plus d’une reprise.
Il aimait
ma différence, mon côté punkette du
début de l’âge adulte, mon amour du cinéma étranger, de l’histoire de l’art et
mes goûts musicaux hors des courants populaires (écouter My Way chanté par Sid Vicious ou des airs tribaux sur la radio de
Radio-Canada, par exemple). Mon côté unique dans son paysage prévisible, comme
un scarabée asiatique transporté par mégarde dans une cargaison de fruits
exotiques, le fascinait. Même s’il ne saisissait pas à chaque coup mes
réactions atypiques, il était d’une angélique tolérance. Se grattant le crâne,
il s’est retrouvé consterné à plus d’une reprise devant mes répliques brusques :
« Elle a vraiment dit ça à untel? » Son amour était tel qu’il n’a
jamais cherché à me changer. J’étais la martienne ou la plutonienne mésadaptée
et il a consciemment choisi de composer avec la situation. Il aurait pu prendre
ses mollets à son cou à n’importe quel moment, avec la bénédiction d’une bonne
douzaine de personnes qui ne comprenaient pas son entichement pour cette
sauvageonne qui ne sait pas tenir une conversation ou saluer proprement. Mais
il ne l’a pas fait.
Une autiste avec des sentiments, vous dites?
Eh oui, on
peut être autiste et connaître l’amour, le recevoir et le ressentir. Mais pour
moi, avant l’engagement et avant l’éclosion des sentiments amoureux, il a été
impératif de connaître l’autre. De développer une authentique amitié, faite de
confidences et de confiance. D’avoir des intérêts communs et une réelle
complicité naturelle, partager des moments heureux sans malaise. Car il a fallu
qu’il entre dans ma bulle, moi qui étais habituée à ma solitude bienfaitrice et
nourricière. Cette adaptation, facilitée par le fait que nous habitions dans
des villes différentes a pu être graduelle. Mais j’avais parfois une hâte, à en
taper frénétiquement du pied, qu’il reparte, après un certain temps passé en
duo. J’avais parfois envie une envie pressante de me retrouver seule dans mon
antre familier et dans ma routine. Aujourd’hui, j’ai encore besoin de cet
espace, de temps en solo, pour me reconstruire, resolidifier mon intérieur,
apaiser mon anxiété sociale.
Je crois
que chez moi, le temps de l’attachement a été plus long, plus réfléchi que pour
la majorité des gens. Même si j’ai déjà connu des étourdissants coups de foudre
très brefs par le passé, dont je déchantais très vite. Il y avait toujours
cette petite voix raisonnable et logique qui me faisait analyser le contexte, les
variables en jeu, mon confort ou mes inconforts, la viabilité de la relation en
cours. Cette voix qui sait que tout remaniement fonctionnel, aussi important
qu’une nouvelle vie à deux par exemple, engendre énormément de changements
inopinés et de situations fortuites qui requièrent un plan B ou une porte de
sortie avec un écriteau au néon bien rouge juste au-dessus. Exit. Sortie d’urgence. Issue de secours.
L’homme et son soutien constant, même dans
l’autisme
Au moment
où j’ai cherché à obtenir mon véritable diagnostic de syndrome d’Asperger, et
après l’avoir reçu, proches et famille se sont étrangement volatilisés. J’ai
vécu ces démarches avec un grand sentiment de vide et de solitude. Je ne
supporte pas que l’on critique l’homme sans subir mes morsures et mes gifles
verbales : l’homme, c’est ma bouée dans cet océan d’incompréhension.
Durant une vingtaine d’années à mes côtés, il a vu mon parcours boiteux, mes
dépressions et ma quête inassouvie de déterrer la vérité sur ma différence. Au
début, il ne souhaitait pas que je convoite l’étiquette , l’étampe au front ou
le certificat d’Asperger. Il ne voulait pas que j’en sois blessée ou
stigmatisée pour le reste de ma vie. Il m’aimait comme j’étais et être tatouée avec
une dénomination médicale ne lui apparaissait pas comme un avantage important.
Mais un
jour, je lui ai fait lire les caractéristiques du profil féminin. Il a
fortement réagi. Il a affirmé avec émotion : « Mais, c’est toi! »
Il a finalement compris l’importance pour moi, pour me connaître à fond,
d’aller au bout de cet ardu processus. Quand il a compris, il m’a appuyée sans
réserve. Tout ça ne nous a rendus que plus forts et soudés plus étroitement
encore. Cette connaissance nous a permis une plus grande tolérance vis-à-vis de
mes failles, mais aussi une capacité à vivre avec ces dernières et à les
aplanir, les rendre plus vivables pour nous deux. Nous vivions déjà avec le souffle
chaud du syndrome dans notre cou, mais nous pouvions enfin nous retourner pour
regarder la bête dans les yeux et l’apprivoiser. J’en suis ressortie grandie et
en version améliorée.
Couple et autisme, possible ou pas?
Certaines
personnes autistes choisissent de ne pas vivre en couple. Souvent pour des
raisons sensorielles, par déplaisir des contacts physiques ou parce qu’ils ont
besoin d’un plus grand d’espace personnel et ont de la difficulté à supporter
la présence d’une autre personne dans leur quotidien.
Isabelle
Hénault[1]
dit que la majorité des couples qu’elle rencontre sont constitués d’un individu
ayant des traits sur le spectre autistique et d’une personne typique,
c'est-à-dire non-autiste. C’est également le cas pour la majorité des couples
que je connais ou qui communiquent avec moi. Certains autres couples seraient
aussi composés de deux personnes sur le spectre autistique, souvent à des
niveaux différents.
Selon moi,
la vie de couple est possible, mais au prix de beaucoup de respect des
différences de chacun, des besoins sociaux moindres de la personne autiste, du
respect de l’espace personnel de la personne autiste et d’une acceptation
entière des différences de fonctionnement de part et d’autre. Les nécessités ne
se formulent pas de la même manière et l’expression des sentiments non plus.
L’individu sur le spectre autistique peut paraître indifférent ou distant, ne
pas savoir s’exprimer adéquatement dans des moments délicats, ne pas se montrer
suffisamment romantique, ne pas prononcer les bons mots ou poser les gestes
attendus. Chacun des membres du couple doit être clair sur ses besoins et ses
attentes et éviter à tout prix, même les plus onéreux, les non-dits. La
personne typique doit aussi comprendre et aider la personne autiste à gérer son
anxiété et ne pas la brusquer dans ses difficultés. Inversement, la personne
autiste doit être à l’écoute de son partenaire et ajuster ce qui est réalisable
pour que les deux membres du couple se rejoignent dans l’harmonie, avec le
moins de frustrations possible. C’est un travail à deux et chacun doit y mettre
ses efforts.
Comme dans
tout couple, la priorité est la communication. Avec un conjoint autiste, il ne
faut surtout pas hésiter à répéter nos besoins et nos attentes, même si ceux-ci
paraissent évidents et implicites. Des fois, ce qui peut paraître gaga doit essentiellement être verbalisé
et expliqué à la personne sur le spectre. Quelquefois, il ne manque juste
qu’une petite étincelle à notre compréhension pour « allumer » sur
certains détails capitaux. Si le silence est d’or et la parole d’argent, dans
ce cas-ci, le dialogue est de platine.
[1] Isabelle Hénault, M.A., Ph.D. est sexologue et
psychologue et elle a développé une expertise auprès de la population présentant
le syndrome d’Asperger, plus particulièrement dans le domaine des relations
interpersonnelles et de la sexualité. Elle a travaillé plus de deux ans à la
clinique du Dr.
Tony Attwood en Australie.
Voir l’émission Une pilule
une petite granule sur les ondes de Télé-Québec (disponible pour les résidents
du Québec seulement). Pour la partie où je suis présente avec mon conjoint,
voir autour de la 21e minute : http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=1201
-------------------
1. Isabelle Hénault, M.A., Ph.D. est sexologue et psychologue. et elle a développé une expertise auprès de la
population présentant le syndrome d’Asperger, plus particulièrement dans le
domaine des relations interpersonnelles et de la sexualité. Elle a
travaillé plus de deux ans à la clinique du Dr. Tony Attwood en Australie.
* Toute reproduction totale ou partielle est interdite sans l'accord de l'auteure.
Bonjour,
RépondreEffacerJe me permet d'écrire ce message car étant en France, je ne peux pas accéder à la vidéo (d'ailleurs je comprend toujours pas pourquoi certaine vidéo ne peuvent pas être diffusé dans certain pays, du racisme de l'information ? Une histoire de gros sous ? Un désir de limité l'accès à la connaissance des membres de son état ?)
du coup je me sens très frustrée car ce sujet m'intéresse énormément... Y aurait-il un autre moyen d'accéder à cette vidéo ?
Bonjour Amandine,
RépondreEffacerMalheureusement non, j'ai vérifié avec le télédiffuseur. C'est une question de droits de diffusion. Désolée.
Bonjour,
RépondreEffacerOlalala, bon ben tant pis, peut-être que je la verrai si un jour je passe au pays !
Merci d'avoir vérifié et de m'avoir répondu ! :)
Quelle belle et inspirante histoire! Je suis mariée depuis sept ans sans aucun enfant, à cause de cela, mon mari a commencé à agir étrangement, rentrant à la maison ces derniers temps et ne passant plus de temps avec moi, il a divorcé. Je suis donc devenue très triste et perdue dans la vie parce que mon médecin m'a dit qu'il n'y avait aucun moyen pour moi de tomber enceinte, cela rendait vraiment la vie misérable pour moi. Jusqu'à ce que je tombe sur un ami qui m'a parlé d'Internet à propos de DR ODION, comment il a aidé beaucoup de femmes avec les mêmes problèmes que je suis en train de vivre, je l'ai donc contacté à l'adresse: drodion60@yandex.com et je lui ai expliqué . il m'a dit tout ce qu'il fallait fournir avant de pouvoir lancer un sortilège de réunification pour ramener mon mari, ce que j'ai fait, et il a envoyé une puissante prière que je devais dire à minuit alors qu'il lançait le sortilège d'amour. C'était un miracle. 24 heures plus tard, mon seul et unique mari est revenu vers moi et m'a présenté ses excuses pour tout ce qu'il a fait. Il m'a dit qu'il était tout à fait prêt à me soutenir dans tout ce que je voulais. J'appelle rapidement DR ODION et lui dis ce qui était. continuant à ce moment-là, il m'a également préparé et envoyé un médicament à base de plantes qui, selon lui, guérirait toutes les maladies ou infections non désirées qui m'empêchaient de concevoir, puis m'a appris comment l'utiliser avant de rencontrer mon mari. Voici, après avoir utilisé ces herbes et cette racine indigènes, quelques semaines plus tard, j'ai commencé à ressentir des signes de grossesse sur moi. Vraiment, j'étais enceinte. Je venais de donner naissance à un petit garçon le 1er de ce mois. Je fais le vœu de faire savoir au monde entier que DR ODION a sauvé ma relation et m'a donné des enfants que je peux aujourd'hui appeler fièrement les miens. Pour toutes les femmes qui pensent que cela est impossible, voici une occasion pour vous de sourire et d'apporter du bonheur à votre famille. Veuillez contacter DR ODION par e-mail à l'adresse suivante: (drodion60@yandex.com). ou WhatsApp lui via +2349060503921 En effet, il est un Dieu envoyé pour ramener les amoureux perdus et vous apporter le bonheur ...
RépondreEffacer